Chez Wittgenstein la conception des jeux de langage comme interactions linguistiques réglées entre individus suit de l’analogie qu’il établit entre le langage et le jeu. Mais son analyse de la question de l’obéissance aux règles en tant qu’elle est ce qui assure le fonctionnement correcte des jeux achoppe, comme nous l’avons vu, sur un paradoxe ; ce qui le conduit à reconnaître aux règle un rôle faible, mais non moins important, dans le fonctionnement effectif (peu importe qu’il soit correct ou incorrect) des jeux de langage. La conséquence en est que l’analogie du langage et du jeu chez Wittgenstein souffre d’imprécisions dues à un manque de clarification théorique.
Toutefois les récents développements qu’a connus la théorie mathématique des jeux [1], notamment au sein de la recherche logico-philo-sophique et linguistique, ont donné lieu à des interprétations de la logique, en termes de dialogue (ou d’interaction linguistique), qui sont présentées comme une clarification théorique cohérente de l’analogie du langage et du jeu. Mathieu Marion écrit à cet effet :
From a philosophical point of view, the main task is thus to provide a coherent, believable story for the use the metaphor of ’games’, that is, for seeing logic in terms of dynamic interaction between players. At the moment, there are two available answers, an earlier one provided originally by Lorenzen, [...] and Hintikka’s reading of the quantifiers in terms of the ’language game’ of ’seeking and finding’.
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Ainsi, la logique dialogique et la sémantique des jeux apparaissent comme des théories logiques où se trouve clarifié le paradigme des jeux.
La dialogique est née à la suite des travaux des logiciens allemands Paul Lorenzen et Kuno Lorenz [3]. Il s’agit en effet d’une utilisation de la théorie mathématique des jeux « pour systématiser l’étude des dialogues et restituer ainsi à la logique la dimension dynamique et rhétorique qu’elle...
Chez Wittgenstein la conception des jeux de langage comme interactions linguistiques réglées entre individus suit de l’analogie qu’il établit entre le langage et le jeu. Mais son analyse de la question de l’obéissance aux règles en tant qu’elle est ce qui assure le fonctionnement correcte des jeux achoppe, comme nous l’avons vu, sur un paradoxe ; ce qui le conduit à reconnaître aux règle un rôle faible, mais non moins important, dans le fonctionnement effectif (peu importe qu’il soit correct ou incorrect) des jeux de langage. La conséquence en est que l’analogie du langage et du jeu chez Wittgenstein souffre d’imprécisions dues à un manque de clarification théorique.
Toutefois les récents développements qu’a connus la théorie mathématique des jeux [55], notamment au sein de la recherche logico-philo-sophique et linguistique, ont donné lieu à des interprétations de la logique, en termes de dialogue (ou d’interaction linguistique), qui sont présentées comme une clarification théorique cohérente de l’analogie du langage et du jeu. Mathieu Marion écrit à cet effet :
From a philosophical point of view, the main task is thus to provide a coherent, believable story for the use the metaphor of ’games’, that is, for seeing logic in terms of dynamic interaction between players. At the moment, there are two available answers, an earlier one provided originally by Lorenzen, [...] and Hintikka’s reading of the quantifiers in terms of the ’language game’ of ’seeking and finding’.
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Ainsi, la logique dialogique et la sémantique des jeux apparaissent comme des théories logiques où se trouve clarifié le paradigme des jeux.
La dialogique est née à la suite des travaux des logiciens allemands Paul Lorenzen et Kuno Lorenz [57]. Il s’agit en effet d’une utilisation de la théorie mathématique des jeux « pour systématiser l’étude des dialogues et restituer ainsi à la logique la dimension dynamique et rhétorique...
Il revient à Aristote, même s’il n’y a pas chez lui une étude systématique du langage, d’avoir fortement influencé la conception du langage dans la tradition philosophique, jusqu’à Frege, Russell et Wittgenstein. En effet, comme le fait remarquer Anne Cauquelin [109], c’est à travers ses différentes œuvres que se dégage, chez Aristote, une analyse originale du langage, indissociablement liée à une théorie des lieux sociaux qui déterminent et fondent les différentes utilisations des mots. Ainsi, le premier lieu du langage, chez Aristote, est, en fait, un "non-lieu" : il est celui des barbares et des esclaves qui sont en dehors de la sphère du langage proprement dit, c’est-à-dire de la parole sensée. Le second lieu est celui de la doxa ou des citoyens sans importance : c’est le lieu du langage commun qui ne peut prétendre au vrai, ni même au véridique. Mais la doxa, en tant que langage commun s’offrira, telle une matière première, à des déterminations plus significatives au niveau du troisième lieu du langage. A ce niveau, les déterminations auxquelles est sujette la doxa sont la persuasion, l’art de convaincre, le maniement de la croyance, œuvres des orateurs, des juges, des sophistes et des poètes. Nous sommes là, d’après Aristote, dans le domaine du vraisemblable et non du vrai. Ensemble, doxa et vraisemblable constituent le tissu langagier de tous les jours, de la vie quotidienne des citoyens. Dès lors, si la doxa est matière pour le vraisemblable qui en est la forme, à son tour le vraisemblable est matière pour une autre forme qu’est le vrai, étape où le langage, à travers un processus dynamique qui se joue entre puissance et acte, parvient à son actualisation la plus complète. On arrive ainsi au dernier lieu du langage qui est celui de la parole vraie, lieu des savants et des philosophes.
C’est là une analyse parcellarisante et dépurative du langage qui, chez Aristote, trouve son accomplissement dans...