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La revue Influxus lance un appel à contributions relatif à la notion de « Résistance », dans le domaine de l’art, de l’histoire, de la littérature, de la musique, de la sociologie et de la philosophie, en s’interrogeant plus spécifiquement sur la relation entre « résistance » et « émancipation ».
Dans la littérature, la résistance a été appréhendée comme étant une « forme de défense d’un groupe ou d’individus isolés, face à ce qui est ressenti par eux comme une menace physique, idéologique ou politique » (Desmons, 2011, p.1132). Ce thème a d’ailleurs été mobilisé dans les analyses des mouvements sociaux et contestations (Goldstone, 1991 ; Scott, 1985 ; Skocpol, 1979, Jasper, 1997), mais aussi dans les études sur les rapports de domination entre classes sociales. La résistance a de même été traitée à la lumière du genre (Abu-Lughod, 2006 ; Lacour-Astol, 2015 entre autres), de la technologie (Sedda, 2015), ou encore du travail (Efros et Schwartz, 2009) ; celle-ci pouvant s’apparenter à une « résistance civile » et/ou à une « résistance culturelle » (Moghissi, 1999 ; Dupriez et Simon, 2002).
Or, ici, c’est dans son aspect le plus large que nous souhaitons rendre compte de la « Résistance » et montrer en quels termes (et sous quelles formes) celle-ci favorise/ permet/vise l’émancipation. L’objectif de ce numéro est de démontrer que cette thématique peut être explorée par diverses disciplines, et ce, de manière transversale.
La résistance peut être ainsi appréhendée comme « le fait d’opposer une force à une autre » (Desmons, 2011, p.1132). Par cet acte, l’acteur s’oppose au mouvement, à une action ou à un adversaire qui tente de le faire plier. La résistance correspond alors à une volonté ferme de ne pas céder à l’emprise et à l’influence d’un tiers. C’est un refus d’accepter, « de subir les contraintes violentes, les vexations, jugées insupportables, exercées par...
« (...) ce que l’on attend d’un regard humain, jamais on ne le rencontre
chez Baudelaire. Il décrit des yeux qui ont perdu, pour ainsi dire, le pouvoir de regarder. »
Walter Benjamin, 1939, p. 201
Todorov (1995) considère le besoin d’être regardé comme un besoin constitutif de l’humain : par ce comportement par lequel l’individu cherche à capter le regard d’autrui par différentes facettes de son être, de son physique, de son intelligence, de sa voix ou de son silence, l’acteur tenterait d’être reconnu par ses pairs. Par le regard, les autres confirmeraient donc notre existence. Rousseau va de même jusqu’à affirmer qu’il n’est pas d’existence humaine sans le regard que nous portons les uns sur les autres ; il nous permettrait de combler un « désir universel de réputation, d’honneurs et de préférences ».
Or, aujourd’hui, avec les nouvelles technologies, et notamment dans la société dite « des écrans », il semblerait que ce besoin d’être regardé soit devenu inassouvissable. Aujourd’hui, les écrans sont partout et nous permettent de voir et d’être en contact continu avec le monde. Les nouvelles technologies ont permis à l’individu de faire preuve d’ubiquité. Il peut être partout à la fois, partager ses opinions et ses photographies, apprécier ou haïr, être vu et voir l’autre, et ce, depuis une contrée lointaine à la seule force d’un clic. Toutes sortes de sites visant à s’exposer en continu ont fait surface dont Facebook, Instagram, Snapchat, Youtube n’en représentent qu’une liste non-exhaustive. L’« Avatar », à savoir l’incarnation, ou encore le « profil » sont autant de moyens usités par les acteurs pour faire acte de « présence » sur Internet (Casilli, 2010). Aujourd’hui, l’individu est confronté à « une multitude de regards qui l’observent, le scrutent ou l’ignorent, le délaissent » (Haroche, 2011, p. 85).
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