Università Roma 3
rfinelli [chez] uniroma3.it
Dans un passage de la Science de la logique, Hegel écrit : « L’unique chose pour gagner le procès scientifique, c’est la connaissance de la proposition logique que le négatif est tout aussi bien le positif, ou que ce qui se contredit ne se dissout pas en zéro, dans le néant abstrait, mais essentiellement dans la seule négation de son contenu particulier, ou encore qu’une telle négation n’est pas toute négation, mais la négation de la Chose déterminée qui se dissout, et donc est négation déterminée ; que donc dans le résultat est contenu seulement ce dont il résulte » [1].
Dans cette valorisation de la contradiction, une bonne partie de la critique, surtout celle d’inspiration positiviste et néo-positiviste, a toujours prétendue voir le motif le plus profond du caractère antiscientifique et invraisemblable de la dialectique de Hegel. Si la philosophie dialectique prétend éliminer la validité du principe qu’Aristote a mis à la base de la pensée occidentale et de sa logique – c’est à dire le principe qui empêche la possibilité de concevoir l’unité des contradicteurs dans l’unité de temps et dans un même point de vue – il en découle que la dialectique tombe en dehors du cadre de ce qui est pensable, puisque dire la pensée veut toujours dire quelque chose de déterminé et ne jamais affirmer qu’une chose soit rouge et noire en même temps, c’est-à-dire à la fois elle-même et son contraire.
Vis-à-vis de ces critiques de non-sens qui sont attribuées à Hegel et à sa logique dialectique, ce que je voudrais faire ici est d’essayer de donner une signification au concept de non-sens, non pas avec le but de donner une légitimation à une logique de la pensée qui refuse le principe de non-contradiction, mais avec l’intention de mettre en évidence la singularité et l’originalité de signification que Hegel donne aux concepts de « négatif », de « négation » et de « contradiction ». Puisque...
La prémisse de cette communication est la conception de la philosophie élaborée par Wittgenstein. Pour le penseur autrichien, et particulièrement dans ladite deuxième phase de sa pensée, la fonction essentielle de la philosophie est celle, critique et thérapeutique en même temps, d’affranchir l’humanité des illusions linguistiques, c’est-à-dire des maladies engendrées dans la pensée par la méprise des instruments communicatifs que les langues naturelles en même temps lui mettent à disposition et lui imposent. Ce que j’essayerai de faire ici, c’est justement d’appliquer cette conception du philosopher comme procédure critique et thérapeutique à la compréhension d’un épisode initial mais crucial de l’histoire de la philosophie. On peut définir cet événement théorique originaire comme l’absolutisation du négatif, ou l’absolutisation du non-être, et son importance relève du fait que, en vertu de sa nature initiale et fondatrice, cette opération a pesamment conditionné l’histoire entière de la philosophie occidentale.
Au sujet des débuts de la philosophie, et plus précisément du commencement grec de la philosophie occidentale, les opinions des philosophes sont fort divergentes. Dans le sillage de Nietzsche, Martin Heidegger a lu, par exemple, la philosophie grecque présocratique comme l’expérience d’une plénitude de vérité et d’une authenticité de vie qui ont été oubliées et trahies par l’histoire suivante de la civilisation et de la culture, de la pensée discursive et de la science représentative. Au contraire, avec son idée d’un sens progressif de l’histoire, d’une histoire conçue comme approfondissement de la compréhension que l’Esprit a de soi-même, Hegel a bien interprété la philosophie présocratique comme un lieu de la pensée, mais d’une pensée qui, précisément à cause de son caractère originaire, ne peut qu’être encore pauvre et abstraite,...