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La question de l’engagement dans les films de guerre d’Hitchcock

L’auteur remercie chaleureusement Hugo Clémot, Alain Kerzoncuf et Isabelle Schmitt pour leur relecture éclairée de ce texte.

Introduction

Pendant longtemps, l’image publique d’Hitchcock fut celle d’un cinéaste apolitique, du moins peu préoccupé par les problèmes de son époque. Mais depuis quelques années, des chercheurs ont mis en évidence un aspect moins connu de sa vie. Désormais, sa participation à l’effort de guerre durant le conflit mondial est reconnue, ce qui nous invite à revisiter cette période de créativité longtemps minorée. Entre 1940 et 1945, il réalise une dizaine de films qui peuvent être répartis en deux catégories : ces films n’ont que peu ou pas de rapport avec la guerre (Mr. and Mrs. Smith, Suspicion, Shadow of a Doubt et Spellbound), et ceux qui s’inscrivent directement dans ce contexte (Foreign Correspondent, Saboteur, Lifeboat, Aventure Malgache et Bon Voyage). Si le volume de la production est équilibré, la notoriété de ces films ne l’est pas, les plus connus étant ceux qui ne font pas référence à la situation de l’époque.

En effet, mis à part la comédie Mr. And Mrs. Smith (1941) - qui n’est toujours pas considérée à sa juste valeur, la trame narrative des films les plus connus est le doute de jeunes femmes à propos de la culpabilité d’un homme qui leur est cher. Point de référence au conflit mondial, mais une atmosphère oppressante, un héros ambigu, voire coupable, une jeune femme en détresse et une tension sans cesse croissante. Ainsi, la seconde partie de la production de l’époque semble avoir été oubliée au profit de ces films qui, a priori, pourraient être considérés comme plus « hitchcockiens » [1]. Pourtant, les trois long métrages qui nous intéressent ici contiennent eux aussi certains « signes » caractéristiques du film hitchcockien : la blonde en détresse, le faux coupable, le méchant sympathique, le suspense, le Mac Guffin, la double course poursuite [